J’ai écrit, composé et chanté aux côtés d’Olga pendant plus de 10 ans. Lorsqu’elle m’envoyait un message concernant sa vie d’auteur et de chanteuse, celui-ci portait toujours le même titre : “Olga lala”. Nous nous sommes connus au hasard d’un cours de théâtre, en octobre 2005. C’était un mercredi et nous faisions de ces exercices de relaxation et de “lâcher prise” que l’on fait souvent dans ce type de cours. Vers midi, Olga s’est approchée de moi, souriante, discrète, les pieds dans la terre, la tête dans les étoiles et le cœur en voyage. Elle m’a juste dit : “Je cherche quelqu’un pour écrire, jouer et chanter avec moi. On m’a dit que tu étais musicien, cela te tente ?” Je ne savais absolument rien d’elle, mais il me semblait que je la connaissais déjà. Je ne saurai jamais pourquoi j’ai immédiatement dit oui. Peut-être à cause de cette pureté, de cette présence unique et bouleversante que je sentais. Nous nous sommes vus une semaine après chez sa cousine qui avait un piano et avons commencé à explorer un monde nouveau qui n’appartenait à personne et ne ressemblait qu’à elle.
La première chanson que nous avons écrite parlait de la mer, plus précisément de l’ïle de Bréhat. Olga a toujours rêvé et parlé de la mer. Puis est née “La Robe de Soie“. Nous étions tellement heureux de voir notre chanson au générique du film de Delphine de Vigan, “À Coups Surs”. Au départ, Olga m’envoyait des textes. Au bout de quelques jours, je lui faisais écouter la musique que j’avais composée et c’est ensemble que nous travaillions les arrangements. Nous n’avions pas de groupe à l’époque. Au fur et à mesure que notre collaboration artistique prenait corps, nous nous sommes mis à écrire ensemble. Il y a tant de sujets qu’Olga voulait aborder. Mon rôle consistait simplement à l’écouter et à la guider vers ce qui lui ressemblait le plus. En 2011, nous avons sorti un tout premier album, intitulé “Les Pas”. Nous travaillions beaucoup, discutions énormément, nous remettions en question, mais toujours dans le sourire. Olga a toujours souri et rigolé en musique. Chanter la rendait heureuse, infiniment gaie.
Nous avons monté plusieurs équipes musicales, en fonction des directions artistiques que nous prenions. Olga avait cette idée d’une musique liée aux racines, entre bluegrass et ses origines russes. Qu’elle chante ses “Mots Inconnus”, sa “Ville Araignée” ou des airs plus légers tels que “Colombine” ou ”Pas Si tard”, il y avait en elle une implication hors du commun, une sincérité de chaque instant, un désir profond de vivre le moment présent. Les dernières années ont été consacrées à la scène. En groupe, entourée d’une guitare, d’un violoncelle et d’un piano, ou bien à deux, lors de notre dernier projet nommé “Two for the Show”. Nous y reprenions ses chansons et les miennes en duo. Elle chantait, je l’accompagnais au piano et à la voix. Chaque concert était un élan de joie et de vie infini. Je regardais Olga, scène après scène, son sourire, sa présence, son besoin de parler au public, de leur dire avec ses mots pleins de pudeur qu’elle les aimait. Olga montait sur scène parce qu’elle aimait les autres et voulait les rendre heureux.
Il y a tant à dire, tant à ressentir vis à vis d’Olga la chanteuse, tant d’émotions ressenties, tant de travail et de joie, tant de rires sans retenue, tant d’amour partagé. Olga a écrit jusqu’au bout. Son dernier texte date d’à peine un mois. Pardonne moi, Olga, si je verse aujourd’hui quelques larmes montgolfières, pardonne moi si tout cela me semble fou. Nous avons partagé l’impensable, tutoyé l’invisible à chacun de nos concerts. Mais j’ai le cœur léger, Olga, le cœur plein de toi, toi qui écrivais : “Ce n’est que le vent, ce souvenir de toi, ce miroir du temps, ce n’est rien que le vent…” Ce vent là est doux, ce vent là ne veut rien. Je sècherai mes larmes, ne t’inquiète pas, et chanterai encore “qu’il ne sera jamais trop tard, même demain”. Merci Olga, à jamais merci.